Un sinistre non déclaré dans les cinq jours, et la porte s’ouvre à un refus d’indemnisation de la part de l’assureur. Même si réparer devient urgent, la règle ne souffre pas d’exception. Certains contrats resserrent encore l’étau, surtout en copropriété où la convention IRSI impose parfois de transmettre le constat amiable sous 48 heures.
Négliger l’envoi des pièces justificatives ou bâcler la description des faits, c’est s’exposer à voir l’indemnisation rejetée ou traîner en longueur. Pourtant, quelques précautions simples suffisent à éviter ces embûches et à accélérer le traitement du dossier.
Face à un dégât des eaux : comprendre les enjeux et les premiers réflexes à adopter
Le dégât des eaux frappe sans prévenir, que la fuite provienne d’une canalisation percée, d’un appareil électroménager défaillant ou d’une infiltration par la toiture. Dès les premiers signes, repérez d’où vient exactement le problème. Un joint qui lâche, une gouttière obstruée, une canalisation fissurée : ces petits incidents peuvent bouleverser l’équilibre d’une maison, d’un appartement ou même d’un local professionnel.
Agir vite change tout. Coupez l’eau pour limiter la casse, mettez hors tension les prises proches du sinistre. Si vos voisins risquent d’être concernés, prévenez-les sans attendre. En copropriété, il est impératif d’informer aussi le syndic : cela facilite la gestion des parties communes et la coordination entre locataire, propriétaire et assureur.
Un entretien régulier des installations reste le meilleur rempart. Vérifiez l’état des canalisations, surveillez vos appareils électroménagers, inspectez la toiture et contrôlez les joints. Même un simple relevé du compteur d’eau, avant et après une absence, peut permettre de repérer une fuite discrète avant qu’elle ne cause des dégâts lourds.
En cas d’incident, ne lésinez pas sur les preuves. Prenez des photos, gardez les factures liées aux réparations, dressez un inventaire des biens abîmés. Ces gestes, loin d’être superflus, vont fluidifier le traitement de votre dossier par l’assurance et accélérer la prise en charge. Face à un dégât des eaux, chaque minute compte : la réactivité fait la différence.
Quel délai pour déclarer un sinistre ? Ce que dit la loi (et pourquoi il ne faut pas traîner)
En matière de déclaration de sinistre, la loi joue la carte de la précision. Selon le code des assurances, vous disposez de 5 jours ouvrés pour signaler le sinistre à votre assureur. Ce compte à rebours démarre dès que vous découvrez le dégât des eaux, qu’il soit soudain ou progressif. Passé ce délai, l’indemnisation devient incertaine, voire impossible.
Ce cadre vaut pour tout dégât des eaux classique : fuite, débordement, canalisation rompue. Si la situation relève d’une catastrophe naturelle, il y a une exception : la déclaration peut s’effectuer dans les 30 jours suivant la publication de l’arrêté interministériel au Journal officiel. Mais pour le sinistre du quotidien, la règle des 5 jours ouvrés s’applique sans nuance.
Ce formalisme vise à enclencher au plus vite les mesures conservatoires et à instruire le dossier alors que les faits sont encore frais. Plus tôt l’assureur reçoit la déclaration, plus vite il mandate un expert et engage la procédure d’indemnisation. C’est une question de protection du bien, de limitation des dégâts et de sécurité juridique.
En copropriété, la déclaration doit être envoyée simultanément à l’assureur, au syndic, et au propriétaire bailleur si nécessaire. Depuis la loi ALUR de 2014, l’assurance propriétaire non-occupant (PNO) est obligatoire : chaque acteur doit agir dans les temps.
Voici les délais à garder en tête selon la situation :
- 5 jours ouvrés pour déclarer le sinistre à l’assureur dans le cas général
- 30 jours si un arrêté de catastrophe naturelle a été publié
Laisser filer les jours, c’est laisser échapper ses chances d’être correctement indemnisé. La rapidité d’action reste le meilleur allié du règlement serein.
Déclaration étape par étape : comment éviter les pièges et faire valoir vos droits
La déclaration de sinistre demande méthode et précision. Dès que vous constatez un dégât des eaux, rassemblez tous les éléments nécessaires : date du sinistre, circonstances, origine supposée (canalisation, toiture, électroménager), description des dommages, coordonnées des personnes impliquées. Un dossier complet permet une gestion plus fluide et réduit les risques de contestation.
Dans la majorité des contrats d’assurance habitation, le constat amiable est indispensable dès lors que plusieurs parties sont concernées (locataire, voisin, syndic). Ce document, rempli en commun, sert de base pour établir les responsabilités et déclencher la convention IRSI qui encadre l’indemnisation en copropriété pour les sinistres jusqu’à 5000 € HT.
Pour donner du poids à votre dossier, adoptez les bons réflexes :
- Prenez des photos des dégâts sous plusieurs angles
- Gardez précieusement les factures de réparation ou de remplacement
- Faites intervenir rapidement un plombier ou un spécialiste de la recherche de fuite : la traçabilité des interventions est un atout
En copropriété, alertez le syndic et l’assureur dans la foulée. Le syndic gère les parties communes, l’assureur missionne un expert si les circonstances ou le montant le justifient. Au-delà de 5000 € HT, ou pour certains cas spécifiques, la convention CIDE-COP peut s’appliquer avec expertise systématique.
À chaque étape, vérifiez ce que prévoit votre contrat d’assurance habitation : certains bailleurs exigent une notification en bonne et due forme, d’autres fixent des délais précis pour transmettre les justificatifs. Une gestion ordonnée, la clarté dans les échanges et une traçabilité exemplaire forment le socle d’un dossier solide.
Les erreurs à ne pas commettre pour une indemnisation sans mauvaise surprise
Gérer un sinistre dégât des eaux à la légère se paie cher. Premier faux pas : rater le délai légal auprès de l’assureur. Les 5 jours ouvrés imposés par le code des assurances ne souffrent pas l’improvisation. Un retard et l’assurance peut réduire, voire refuser, la prise en charge. N’espérez pas de traitement de faveur, même si vous étiez en déplacement ou en congé.
Autre écueil fréquent : négliger les justificatifs. Sans photos nettes ni factures détaillées, démontrer l’étendue des dommages devient compliqué. Les compagnies d’assurance réclament souvent la suite chronologique des événements, la liste des biens détériorés, l’origine de la fuite d’eau et la preuve de l’intervention d’un professionnel pour la recherche de fuite. Un dossier incomplet ralentit tout le processus.
Mieux vaut attendre le passage d’un expert avant de procéder à des réparations définitives. Ce dernier doit pouvoir évaluer sur place l’ampleur des dégâts. Seules les mesures d’urgence (limiter la propagation, sécuriser les lieux) sont acceptées sans délai.
Quelques points de vigilance s’imposent :
- Contrôlez que la franchise retenue correspond à celle de votre contrat
- Si vous êtes une entreprise, vérifiez la garantie perte d’exploitation en cas d’interruption d’activité
La moindre imprécision peut tout faire basculer : une date floue, une information non transmise au syndic si vous êtes en copropriété, ou une mauvaise estimation des dommages sont autant d’occasions pour l’assureur de remettre en cause l’indemnisation. Rigueur et organisation restent vos meilleures alliées pour avancer sans mauvaise surprise.
Prévenir, documenter, déclarer sans délai : face à un dégât des eaux, ce sont les réflexes simples qui sauvent la mise. La prochaine fuite n’attendra pas que vous soyez prêt ; mieux vaut savoir agir avant que l’eau ne décide pour vous.



